La sélection de @BideEtMusique pour le Grenier : Ringo

Posted on 24/09/2011

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Ringo (ex-Ringo Willy Cat), illustre bien l’axiome comme quoi ce qui faisait se pâmer Maman d’émotion laisse fiston de marbre. Icône populaire dans les années 70, oublié depuis, Ringo a eu une carrière relativement courte. Celle-ci n’est désormais plus accessible aux jeunes générations qu’au travers du prisme ironique de certains sites internet consacrés aux stars de jadis et à la redécouverte d’un certain patrimoine musical que le temps a contribué à ringardiser. D’autant que l’artiste s’est définitivement rangé des voitures et ne participe absolument pas au « revival » des années 70/80 en vogue depuis au moins le milieu des années 1990.

Guy Bayle, qui allait devenir Ringo Willy Cat, puis Ringo tout court, et marquer les années 70 de ses tubes, est né le 11 mai 1947 à Toulouse. Fortement marqué par la déferlante de musique venue d’outre-Atlantique, le jeune Bayle, amateur de littérature et notamment de l’œuvre d’Albert Camus, consacre une partie de ses années de collège et de lycée à gratter les cordes de sa guitare, reprenant les standards américains ou composant ses propres créations. Sa rencontre avec le musicien et chanteur Pierre Groscolas se concrétise par la création du groupe Chœurs qui, après avoir acquis une petite notoriété locale, monte à la capitale pour tenter sa chance devant le public parisien à la fin des années 1960. L’expérience ne se montre guère concluante, et si Chœur continue à courir le cachet ici et là, ses deux membres sont obligés de multiplier les petits boulots pour survivre.

En 1969, la belle plastique et la gueule d’ange du jeune toulousain tapent dans l’œil de Mario Padovan, photographe et metteur en scène de romans photos pour filles, genre en plein essor alors, pour Nous Deux et Télé Poche, qui lui propose de figurer dans l’une de ses créations aux côtés de l’une des superstars de l’époque : Sheila. C’est durant cette séance que les deux se trouvent des atomes crochus et entament une romance. Cette rencontre, par ailleurs, ouvre les portes de la gloire à Bayle, qui réussit à faire produire son premier single par Claude Carrère : ce sera « Elle, je ne veux qu’elle », énorme succès de l’année 1971 qui lance sa carrière. Carrière d’autant plus médiatisée que son couple avec Sheila est l’un des plus glamour de l’époque et que les allées et venues des deux tourtereaux font les choux gras du magazine phare de la presse people de l’époque : Salut les Copains. Ringo, qui se fait alors appeler Ringo Willy Cat (il abandonnera très rapidement la seconde partie de son pseudo, lassé d’être surnommé « WC ») enchaîne les tubes à succès. « L’Homme », « Ma Jalousie », « Tentation », « Trop belle pour rester seule » font les beaux jours des « boums » de l’époque et sont autant de slows langoureux sur lesquels les couples se forment. Ringo, s’il n’innove pas vraiment dans le style variété de l’époque, dispose cependant d’un répertoire bien fourni, mais commence déjà à souffrir du fait de n’être aux yeux du public que « Monsieur Sheila ».

Cela n’empêche nullement le couple de se marier le 13 février 1973, à la Mairie du XIIIe arrondissement de Paris, à 13h13 très précises. Un mariage hautement symbolique, donc, mais qui ne durera pas, en dépit des efforts déployés pour attirer la chance… L’année 1973 voit les deux époux chanter en duo pour un titre désormais mythique : « Laisse les gondoles à Venise ». En dépit du « buzz » médiatique et du succès du titre, le couple ne réitère pas l’expérience d’un duo, chacun préférant mener sa carrière solo de son côté. Un fils, Ludovic, naît de leur union. Le couple médiatique divorce en 1977 et c’est Sheila qui obtient la garde de Ludovic Chancel. Certaines rumeurs courent alors sur Ringo, qui serait capable de se montrer violent à l’occasion. Dans le même temps, ses rapports avec Carrère, sa maison de disques, deviennent plus conflictuels car il semblerait que les royalties que lui devait Claude Carrère ne lui aient jamais été versées complètement. Toutefois, cette situation tendue n’empêche pas Ringo de continuer à sortir régulièrement de nouveaux titres, parfois inspirés et parfois… franchement moins. L’année 1978, avec les 45-tours « Darlin’ », « Ma Pompadour », « Je suis un vagabond », marque le début du déclin pour l’artiste. De cette époque, les plus jeunes connaissent désormais le culte « Qui est ce grand corbeau noir ?» (1979, adaptation de « Video Killed the Radio Star » des Buggles) aux paroles hallucinantes de non-sens et servi par un clip aujourd’hui des plus datés, que les émissions d’Arthur (TF1) ont remis au goût – moqueur – du jour. On y voit en effet un Ringo dans un costume futuriste, surexcité, qui s’acharne sur les cordes d’une guitare électrique débranchée, alors que le morceau ne contient pas un seul accord de cet instrument… En 1980, il quitte définitivement l’écurie Carrère et sort quelques titres des plus « conceptuels », pour ne pas dire parfaitement abscons, comme « Allô à l’O.V.N.I. » (1980) ou « L’ange exterminateur (L’Antéchrist) » (1982).

Remarié en 1981 avec une hôtesse de l’air, Annick, Ringo remporte à nouveau un petit succès en 1982 avec « Lolita Paprika », mais décide de couper court à sa carrière d’artiste dès l’année suivante après avoir, poussé par la nécessité, vendu sa biographie à France Dimanche, au grand dam de Sheila et de ses avocats. Son dernier 45-tours, intitulé « J’ai toujours besoin d’amour », sort en mai 1983, et a pour face B un morceau au titre de circonstance : « Une star s’endort ainsi »…

En 1985, il ouvre un restaurant à Paris, le City Rock Café, mais l’affaire tourne mal. Il doit le fermer en 1993 et part ensuite quelques années aux Etats-Unis. Ce qu’il y fait, lui seul le sait, car Ringo refuse désormais d’évoquer sa vie passée et se contente de vivre tranquillement avec son épouse. Tout au plus accorde-t-il de temps à autre une interview à France Dimanche, pour y répéter inlassablement qu’il a définitivement tiré un trait sur sa vie d’artiste. La sortie en 2000 du livre de son fils, « Fils de », brosse un portrait peu flatteur de Ringo, père absent ayant à plusieurs reprises refusé de revoir son rejeton, ce que Guy Bayle ne nie pas, affirmant même n’avoir vu Ludovic Chancel que « deux fois dix minutes » dans sa vie. Aucune compilation de ses anciens tubes n’a jamais été à l’ordre du jour, sans que l’on sache s’il s’agit d’une volonté personnelle de l’ex-Ringo redevenu Guy Bayle ou d’un souci de droits avec son ancien producteur, Carrère. Filant le parfait amour avec Annick, il ouvre un second restaurant à Toulouse, le Jim McMahon’s, qu’il est contraint de fermer également, faute de rentabilité, au début des années 2000. Sur le plan musical, l’ancien mari de Sheila n’a vu l’édition que d’un CD de ses morceaux, transcription sur laser d’un ancien live paru en 1979 (le 33-tours Sur Scène devenant Tentation Live). Que devient Ringo aujourd’hui ? Restaurateur à Saint-Domingue comme on l’a prétendu ou boulanger-épicier dans le sud de la France ? Les informations sont incomplètes et contradictoires du fait de l’anonymat volontaire dans lequel l’ex-chanteur s’est réfugié et relèvent autant de la rumeur que de la source fiable. Incarnation même de l’idole déchue, qui n’aura pas connu de come-back (et qui n’aura même pas tenté de le faire), Guy Bayle emportera certainement avec lui la réponse à cette angoissante question : mais qui est ce grand corbeau noir ?

Source Music Story

1971 : Elle, je ne veux qu’elle

1972 : Ma jalousie


1972 : Trop belle pour rester seule

1973 : Tentation

1973 : Une bague, un collier

1973 : Une heure, une nuit

1974 : Remets ce disque

1975 : Fille sauvage

1976 : Les Oiseaux de Thaïlande

1977 : Goodbye, Elvis

1977 : Les violons de Verlaine

1979 : Qui est ce grand corbeau noir ?

1980 : Allô à l’ovni